Ce mercredi 9 mars a été pour Valentin Michel dit « Valou » le départ réel de l’aventure, « son » aventure. Ce qui était encore, presque secret, voire abstrait, a pris forme en se dévoilant en conférence de presse.
Valou et son coach de choix, Stéphane Brogniart (Photo Alain Reynders)
La vie de Valou a basculé en 2019.
"Valou", de son vrai nom Valentin Michel, est ce sportif adhérent au club de Rugby (Rugby Athlétique d’Epinal Golbey – RAEG) depuis ses 11 ans. Un parcours voué au sport, en devenant maître-nageur professionnel à la piscine de Vagney et à sa passion le rugby. Las, un incident de vie est venu placer un obstacle majeur sur son tracé. Victime d’un AVC en 2019, Valou a vu sa vie changée, altérée par ce handicap soudain, auquel personne n’est préparé.
« Cela m’est arrivé en juin 2019, je travaillais sur mon ordinateur. Soudain, j’ai senti une grosse torpeur. Je me suis écroulé. Je n’avais plus la force de rejoindre mon lit. Je suis resté ainsi plusieurs heures avant que ma mère ne me découvre et alerte les secours » a-t-il expliqué
Pris en charge par l’hôpital de Nancy, Valentin a eu une longue convalescence, avec le réapprentissage des gestes de base et tout ce que cela peut comporter comme difficultés motrices.
Les suites de l’AVC ont, également, conduit Valou à supporter des crises d’épilepsie qui l’ont cloîtré dans sa chambre. Là, il a gambergé et a décidé de ne pas accepter cette fatalité et d’essayer de se reconstruire, coûte que coûte…
Rencontre entre deux sportifs sur la plaine de Soba à Epinal (Photo Alain Reynders)
Une vie différente qu'il faut réapprendre
Très vite, il a compris que le rugby tel qu’il l’avait connu, c’en était terminé. Interdiction de pratiquer un sport de contact. Sur proposition de sa sœur, il a commencé à marcher.
« Pour être franc, avant, je n’en avais rien à cirer de faire de la marche. Seul le rugby comptait à mes yeux » a-t-il avoué avec la complicité de Stéphane Brogniart.
Et puis petit à petit, il a commencé à franchir une première étape et a décidé de frapper fort en nourrissant le projet de réaliser un défi un peu fou.
« J’en avais marre de ne pas pouvoir bouger et le rugby me manquait. Que ce soit l’avant match, la partie en elle-même et bien sûr l’après-match… » a-t-il lâché en riant.
Tout en douceur, gentillesse et humour, Valou a répondu à toutes les sollicitations (Photo Alain Reynders)
Il s’est donc attelé à viser un objectif, à savoir traverser la France et parcourir 3.200 km à pied pendant une période de plus ou moins 8 mois.
Il aurait voulu partir, déjà en 2020, mais la covid a freiné ses ardeurs. « Heureusement, d’ailleurs, j’étais trop pressé et surtout, je n’étais pas prêt » a-t-il reconnu avec humilité.
Entrainement et mise en condition obligatoires
Depuis cette période, il a commencé à s’entraîner. D’abord en salle de musculation, ce qui lui a permis de travailler le côté droit qui a été touché par l’AV , puis des séances de marche sur des courtes distances, mais répétitives. Il a ainsi pu mesurer, qu’au fil des séances, il se sentait de plus en plus à l’aise avec la marche et son corps.
Il a aussi tenté, en partant d’Uxegney, de rejoindre Vagney en deux jours, sans matériel adapté, avec de simples chaussures et un sac à dos trop lourd. « C’était bien, mais bon… » a-t-il commenté le sourire en coin.
Thomas Bourguignon, Stéphane Brogniart, Valou, Frédérique Lévy et Patrick Nardin, maire d’Épinal (Photo Alain Reynders)
Un parcours presque initiatique.
« Le tracé, il l’a fait seul. C’est son projet. C’est lui qui l’a pensé et c’est lui qui le réalisera. Cependant, on sera là, autour de Valou, tant pour sa sécurité que pour le soutenir » a précisé Thomas Bourguignon, membre actif du RAEG.
Ce sont des étapes de 15 à 25 km par jour que Valou espère réaliser. Chaque jour, il dormira dans un endroit différent, un peu comme les coureurs du Tour de France.
Le principe est d’être logé sur son itinéraire par des personnes solidaires qui lui offriraient le gîte. D’ores et déjà, grâce à la puissance des réseaux sociaux, Valou sait qu’il est attendu à de nombreux endroits. Il marchera seul, mais suite à différentes réactions, il s’attend à ce que l’une ou l’autre personne l’accompagne durant quelques kilomètres.
« Ouais, Forest Gump avait dit cela aussi. Je ne sais pas si tu as vu le bordel que cela a été à la fin » a complété Stéphane Brogniart hilare.
Illustration de la page facebook de "En avant Valou"
Un parrain d’exception.
Lorsqu’il a eu vent de ce projet « un peu fou » Stéphane Brogniart a pris contact avec le club afin de proposer son soutien et aide au jeune Valou. C’est en tant que « parrain » que Stéphane a tenu à être présent à cette conférence de presse aux côtés du jeune homme.
Stéphane et Valou (Photo Alain Reynders)
« C’est génial ce qu’il a entrepris. Valou vient d’enclencher une nouvelle dynamique à sa vie. Grâce à cette prise en mains, il va changer de camp et devenir, lui-même, un transmetteur de message. Bien sûr, il rencontrera des moments compliqués. Et c’est tant mieux, parce que ce sont ceux-ci, qui permettent de savourer les autres. Je serai là, dans cette deuxième phase préparatoire pour le rassurer et partager avec lui mes expériences et lui transmettre toutes les bonnes énergies. »
Le rugby, une grande famille
L'intervention de Frédérique Lévy, présidente du RAEG (photo Alain Reynders)
Toute la grande famille du Rugby est derrière Valou. Il y a plus d’un an, il a fait part de son projet à Frédérique Lévy, présidente du RAEG et vice-présidente de la ligue Grand Est. De suite, elle a soutenu Valentin et a décidé d’être à ses côtés avec les autres sociétaires. « Il n’était pas question de le laisser seul dans cette aventure. Nous voulions l’aider. Au Rugby, on n’abandonne jamais un des nôtres » a-t-elle précisé.
Elle a fait actionner tous ses leviers au sein des différents clubs de l’hexagone. Se sont aussi associés à cet évènement les Rotary d’Épinal et Épinal Images en aidant financièrement et en activant leurs réseaux rotariens.
Une conférence de presse à peine intimidante
Valou a réussi une première étape : surmonter les appréhensions de sa première conférence de presse. Il faut dire que cette fois, toute la presse régionale a fait le déplacement jusqu’à la maison du Rugby de la plaine Soba. Que ce soit la presse écrite, Vosges TV, tous ont répondu présent. Valou s'est prêté au jeu des interviews individuelles avec patience, puis a « affronté » l’assistance de professionnels et de soutiens en s’exprimant devant eux avec humour et gentillesse. Il a aussi reçu les encouragements de Patrick Nardin, maire d’Epinal, de Jacques Grasser, adjoint au maire en charge de la culture, de Régine Begel conseillère départementale, Patrick Remy vice-président national du SNDGCT, Isabelle Ballay, responsable de développement au Mouvement Sportif, Jérôme Marin président du club de tir de Plombières, des membres du Rotary… Un premier challenge que Valentin a surmonté avec brio.
Valou a apprécié la présence du maire avec qui il a plaisanté (Photo Alain Reynders)
« Je suis touché par cette aventure à venir et je la suivrai avec beaucoup d’attention » a précisé le maire Patrick Nardin
Un départ virtuel à Epinal pour marquer le coup
C’est le 9 avril qu’un départ virtuel sera donné sur la place des Vosges au centre la ville d’Epinal. L’occasion pour Valou d’échanger avec les spinaliens avant de se lancer dans ce périple pédestre.
Capture d'écran du reportage youtube de Jean-Yves Barlier
En attendant, chacun peut suivre cette merveilleuse aventure humaine sur la page facebook « En avant Valou »
Une cagnotte a été créée pour subvenir à la logistique. On peut la retrouver via le site suivant : www.assoconnect.com ou par la page facebook
Actuvosges suivra avec intérêt le défi de Valentin.
Alain Reynders
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