Ce film librement inspiré et adapté du roman « Des femmes en noir » d’Anne_Isabelle Lacassagne a ébranlé certaines certitudes quant au principe de n’avoir que des prêtres masculins dans l’église catholique. Finalement, en est-on si sûr ?
(Photo Alain Reynders)
Un scénario qui s’est déployé comme une enquête
Le rôle qu'a dû tenir Karin Viard, en tant que chancelière du diocèse, mise en perplexité par une révélation incroyable, a été une opportunité de mettre en avant, une revendication féministe dans une caste où la femme n’a pas le droit de cité.
Mais comment « diable » (si l’on peut dire) une femme a pu leurrer son monde durant des décennies en ordonnant comme prêtre. Ce curé Pascal(e) Foucher a été une imposture durant toute sa vie. Pourquoi ? Par quel subterfuge ?
Ce sujet, qui aurait pu être traité comme un vaudeville, a été conçu pour plonger le spectateur dans une profonde réflexion. Le rôle de la femme dans la société et plus précisément dans l’église, mais aussi la complexité de la transsexualité et les transitions dont la société actuelle fait parler régulièrement. Des situations ambiguës parce que tues, ignorées et peut-être incomprises.
Habilement tracé, le scénario a réussi a surfé entre la légèreté, flirtant avec la comédie et une trame plus profonde, moralisatrice (mais pas trop) qui a posé des questionnements.
Le spectateur est pris à témoin de ces situations rendues ambiguës par une morale sociétale sans cesse remise en question. Le public, sera-t-il pour ? Sera-t-il contre ou sans avis ? Magnificat a, en tous les cas, le mérite de secouer les consciences et d’ouvrir la voie au débat.
Le jeu d’acteur.
Karin Viard est interpellante et a étalé tout son registre émotionnel avec son personnage Charlotte tiraillée entre son devoir, sa morale et son passé
Karin Viard (Photo Magnificat)
Face à elle un François Berléand qui a campé Monseigneur Mével, un homme à la fois sévère, dubatif, touchant.
Dans le rôle du défenseur du dogme catholique, un Patrick Catalifo bien dans son personnage de l’axillaire et que le spectateur va vite trouver rigide, voire insupportable. À soulever, aussi, le personnage de Thomas, le fils de Charlotte, un ado perturbé par la méconnaissance de l’identité de son père.
François Berléand (Photo Magnificat)
Le synopsis
À la mort d’un prêtre, la chancelière du diocèse découvre abasourdie qu’il s’agissait d’une femme ! Contre l’avis de son évêque qui souhaite étouffer l’affaire, elle mène l’enquête pour comprendre comment et avec quelles complicités une telle imposture a été possible...
Virginie Sauveur, une réalisatrice d’expérience :
Même s'il s'agit de son premier long métrage, il n'en reste pas moins que cette dernière a déjà, en 2003, réalisé un court-métrage qui a obtenu plusieurs prix.
En 2012, elle a géré « Engrenages » (saison 4) avec Caroline Proust, Audery Fleurot…
En 2016, elle a été aux commandes de "Kaboul Kitchen" (saison 3). On l’a retrouvée également à la réalisation de la saison 3 de « Les rivières pourpres » en 2020 pour France 2.
Virginie Sauveur (Photo Tsf.fr)
Avec Magnificat, elle a réalisé un long-métrage traitant de la condition de la femme, un thème cher à Alba Films, la société de production représentée, à Gérardmer, par ses programmatrices Perrine Chomard et Marion Grumiaux
Marion Grumiaux, Perrine Chomard d'Alba Films et Jean Walker (Photo Alain Reynders)
Perrine Chomard, programmatrice pour Alba Films a présenté Magnificat (Photo A. Reynders)
Magnificat :
• Année de production : 2022
• Genre : drame
• Casting : Karin Viard, François Berléand, Maxime Bergeron Patrick Catalifo, Anaïde Rozam, Benoît Allemane
• Réalisation : Virginie Sauveur
• Scénario : Virginie Sauveur et Nicolas Silhol
• Production : Bruno Levy
• Distribution : Alba Films (250 copies)
• Durée : 1 h 37
• Sortie le 21 juin 2023
Alain Reynders pour Actuvosges
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