Ce second article fait toujours suite à l’Assemblée générale de l’Ademat-H s’étant déroulé au Centre Culturel Gilbert Zaug le 18 Février dernier.
Le président de l’Ademat-H, Jean Pierrel, lit le communiqué en question (Photo JC Bigorne)
Analyser les besoins à partir du terrain
Revenons sur le communiqué remis aux participants à l’A.G de l’Ademat-H, document élaboré conjointement par les membres de l’Ademat-H et la Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et Maternités de proximité. « Cette analyse doit être démocratique, associant représentants des usagers, des élus et des personnels, au niveau des bassins de vie que ce soit en hospitalier ou en médecine de ville. De nombreux travaux techniques sont faits à ce sujet, que ce soit par les ARS, les CPTS, les ORS (Observatoires régionaux de la santé) mais manquent de la confrontation nécessaire avec le vécu des usagers. L'agrégation au niveau départemental, régional et national ne peut se faire qu'à partir d'un recensement local. Cette analyse des besoins doit permettre, dans le contexte actuel dramatique de pénurie, de mieux répartir les professionnels, en fonction des besoins des populations et non par la mise en concurrence des hôpitaux publics et privés à but lucratif, et entre les collectivités ».
Augmenter massivement le nombre de professionnels formés
Suite du communiqué : « Toutes les formations aux métiers de la santé et du médico-social doivent être développées sans oublier la psychiatrie. Il faut mettre fin aux quotas officiels ou officieux en donnant des moyens aux universités et écoles professionnelles. Des pré-recrutements, salariant les jeunes pendant leur formation, en échange d’un engagement de service public dans toutes les structures seraient de nature à faciliter une meilleure répartition sur l’ensemble du territoire. La formation professionnelle continue doit être développée. En ce qui concerne les études de médecine, le numerus clausus ne doit pas être supprimé seulement en parole, mais en acte ! Les admissions d’étudiants doivent être largement augmentées, en tenant compte notamment des transformations de la profession (diminution du temps de travail, orientation de médecins vers des taches non soignantes ...) Cela nécessite des moyens matériels, humains et financiers pour les facultés et de nouvelles facultés doivent être créées. Tous les étudiants en médecine devraient être salariés en échange d’un engagement de service public. Les filières de sélection et de recrutement doivent être complètement démocratisées. Les études doivent être réformées pour favoriser l’exercice de la médecine générale avec le développement des stages dans les hôpitaux non universitaires et auprès des médecins du premier recours. Les internes doivent être protégés du burn-out et bénéficier de conditions de travail qui les confortent dans leur vocation ».
L'hôpital au centre de la ville et des préoccupations... (Photo Alain Reynders)
Remettre le malade au centre du système
Suite : « Garder les professionnels de santé et redonner du sens aux métiers du soin en remettant le malade au centre du système. C’est nécessaire aussi pour donner envie aux jeunes de s’engager dans ces métiers.
1) Respecter leur éthique : gestion de l’hôpital et de l’assurance maladie dans l’intérêt des patients et non avec l’œil rivé sur les dépenses. Arrêter de considérer les professionnels comme des pions déplaçables et reconstituer des équipes de soins stables. Donner un pouvoir de décision démocratique aux personnels et à leurs organisations syndicales, aux élus et aux représentants des usagers désignés démocratiquement.
2) Leur donner du temps. Créer des postes. Libérer les soignants de toutes les taches ne relevant pas du soin et des procédures inutiles : les innombrables taches virtuelles de traçabilité ne servent qu’à dégager la responsabilité juridique des administrations devant le manque de moyens.
3) Améliorer l’intégration et la reconnaissance des professionnel-le-s à diplôme étranger.
4) Augmenter les salaires ».
Mieux répartir les professionnels de santé
« Cela concerne avant tout les médecins puisqu’il existe des modes de régulation pour les autres professionnels. La Coordination réaffirme sa volonté « d’un engagement à servir »
temporaire, pour assurer une répartition égalitaire en fonction des besoins des structures et des territoires. Cet engagement à servir dans les zones déficitaires concerne à la fois les soins primaires et l’hôpital, les hôpitaux généraux comme la psychiatrie. Sa mise en place pour les soins primaires sera facilitée par le développement du service public. L’urgence à mieux répartir les médecins concerne également la pratique libérale (généralistes et spécialistes) : la liberté d’installation s’arrête là où commence l’intérêt général ! La mise en place d'une régulation à l'installation est incontournable. L’État doit jouer son rôle pour mettre fin à la mise en concurrence des territoires et réorienter les nouvelles installations pour équilibrer égalitairement tous les territoires ».
Réformer la permanence des soins
« Rétablir l’obligation de la permanence médicale (gardes, astreintes…) pour tous les médecins, dans le respect de nouvelles règles négociées avec les organisations syndicales médicales (motif d’exemption…). La permanence médicale ne sera plus de la compétence du Conseil de l’Ordre des médecins. Les CPTS doivent assumer ce rôle qui leur est confié ».
Développer un service public de soins primaires : cela doit être un engagement de l’État.
Suite et fin du communiqué en question : « Ce service public de soins primaires s’appuiera notamment sur un maillage territorial en centres de santé pluridisciplinaires permettant un exercice de la médecine répondant aux souhaits des jeunes professionnels : salariat, travail en équipe… Ces centres de santé doivent être : le premier maillon de la chaîne du soin et de la prévention - impliqués dans l’élaboration, la mise en application et l’évaluation du plan local de santé - gérés démocratiquement avec une représentation des élu-e-s, de l’ensemble des soignant-e-s, des usager-e-s-citoyen-ne-s - assurant des actions de prévention, d’éducation thérapeutique, participant aux réseaux de santé participant à la permanence des soins en lien avec les urgences hospitalières et les professionnels de santé libéraux - associant de manière pluridisciplinaire, généralistes et spécialistes, professionnel-le-s de la santé, du social et du médico-social - garantissant le tiers-payant et excluant tout dépassement d’honoraires -participant à la formation des professionnel-le-s de santé. Leur structure juridique peut être diverse (publique, associative, coopérative, mutuelle) mais toujours à but non lucratif. La Coordination Nationale regarde avec intérêt les initiatives départementales et/ou régionales de médecins salariés, pouvant contribuer à une meilleure répartition géographique, à mettre en œuvre concrètement l’« engagement à servir » proposé au point 4, à faciliter les mobilités et à engager l’évolution d’une médecine libérale vers le service public. Cela ne saurait exonérer l’État de prendre les mesures nécessaires à un service public de soins de proximité généralisé à l’ensemble du territoire national. Il est garant de de la santé et de la protection des populations ».
Dans notre prochain article nous reviendrons sur les plaidoyers de plusieurs intervenants lors de l’A.G de l’Ademat-H.
Jean-Claude Bigorne
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