Suite et fin de l’histoire de l’orphelinat du Pauvre Enfant Jésus, de la rue de la Paltrée, aujourd’hui transformé en foyer résidence pour personnes âgées.
Réception des travaux en 1989 (Photo JC Bigorne)
La construction du nouvel orphelinat
La chapelle de l'Orphelinat, de nos jours (Photo JC Bigorne)
Sœur Jeanne dont les « qualités d’esprit et d’organisation » sont reconnues devient, en 1874, Supérieure Générale. Après un court séjour à Charmois l’Orgueilleux, elle regagne Remiremont dont l’établissement est promu au rang de « maison mère » d’une congrégation comptant 40 religieuses en 1874, 59 en 1890. Les locaux de la rue de la Paltrée se révèlent vétustes et inadaptés, particulièrement les dortoirs. Une reconstruction devient indispensable et des plans sont réalisés par un architecte tout désigné, Joseph Michaux « l’architecte dévoué des maisons religieuses » qui a déjà bâti le Collège des Pères du Saint Esprit à Épinal, le Couvent de Sainte Anne, le Pensionnat de Bruyères …
Les travaux sont entrepris par Mère Jeanne qui décède le 7 août 1891, poursuivis surtout par Mère Hyacinthe (Appoline Grosdemange) en 1894 et 1895. La bénédiction du nouvel orphelinat peut avoir lieu dans la soirée du 11 mai 1896 par Monseigneur Foucault assisté de M. Raison, vicaire général et supérieur délégué de la Congrégation. C’est l’occasion pour l’auteur du compte rendu publié dans la Semaine religieuse de Saint Dié de présenter l’édifice : « il se compose d’un bâtiment principal séparé de la rue par une cour, avec une aile sur le jardin. Il comprend au rez-de-chaussée et au premier étage, de vastes salles parfaitement exposées et ensoleillées où sont réunies tous les services d’une maison d’éducation ; au deuxième étage, de vastes dortoirs parfaitement aérés d’où la vue se prolonge par-dessus les constructions de la ville, jusqu’aux dernières limites de l’horizon. Des couloirs larges et réguliers assurent avec des escaliers commodes la facilité des communications et de la surveillance, et le tout est empreint d’une simplicité austère qui, en s’unissant aux grandes lignes architecturales, donne à l’ensemble des bâtiments un aspect majestueux et sévère, rappelant des constructions monastiques des siècles passés ». Une chapelle complète l’œuvre de M. Michaux elle « est devenue une jolie chapelle romane à trois nefs dont les colonnes légères et gracieuses supportent, sur leurs chapiteaux sculptés, de non moins gracieuses nervures qui s’élèvent en faisceaux pour se séparer et dessiner un véritable réseau de lignes harmonieuses. » Un artiste, M. Guerte, de Pont-à-Mousson, l’a ornée de médaillons dont les personnages soignés sont dessinés avec goût … Deux sacristies l’environnent et sont surmontées de tribunes ouvrant sur le sanctuaire … Parmi les bienfaiteurs qui ont contribués au financement, un seul est connu il s’agit de Charles Galmiche, inspecteur des forêts, acquéreur du Saint Mont où il a construit la chapelle.
Détails de vitraux de la Chapelle (Photo JC Bigorne)
L’essor de l’orphelinat du Pauvre Enfant Jésus.
Le recensement de 1896 permet de bien connaître les religieuses qui encadrent les orphelines malheureusement non citées. La supérieure Appoline Grosdemange (Mère Hyacinthe) originaire de Saulxures est assistée de 9 religieuses dont l’ainée est la surveillante d’orphelines Maria Kruss, 58 ans, née à Liepvre, la cadette Amélie Euriat 26 ans venue de Meurthe-et-Moselle qui occupe les fonctions de sous directrice de culture. Mentionnons encore Stéphanie Vautrin née à Nancy citée comme économe, les deux institutrices privées, Henriette Masson et Marie Bourion originaires de Sainte-Marie-aux-Mines et de Moyenpal. Sous la houlette de Mère Hyacinthe et du chanoine Georgel, aumônier de l’orphelinat, la communauté doit surmonter les difficultés liées à la politique, de laïcisation menée par les gouvernements de la IIIème République. Mais les congrégations hospitalières au dévouement reconnu par beaucoup échappent finalement aux mesures les plus radicales. Après le décès de Sœur Hyacinthe en juillet 1919, c’est Mère Saint Joseph (Henriette Masson) qui doit gérer l’augmentation du nombre des orphelines consécutive à la Grande Guerre, ceci avec le soutien de nombreux romarimontains. Parmi les religieuses, l’une restera longtemps dans la mémoire, Sœur Johanna dite « la petite » Trottinette. En 1936 le recensement permet de connaître les effectifs de l’établissement. 29 religieuses sont recensées pour encadrer 94 pensionnaires parmi elles trois sœurs d’Eloyes, trois autres de Plainfaing, deux de Dompaire... Mère Marie Ange aura ensuite à gérer la « maison » pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est l’époque où les effectifs culminent avec une
moyenne d’une centaine d’enfants avant de connaître une lente décrue. En mars 1982 ; alors qu’il n’y a plus qu’une trentaine de pensionnaires et que, les sœurs, âgées pour la plupart, éprouvant des difficultés à gérer et à entretenir ces importants bâtiments la municipalité dirigée par le maire Gilbert Zaug décide d’acquérir moyennant la somme de 2 500 000 francs l’orphelinat pour le transformer en centre d’accueil pour les personnes âgées.
Lors d'une célébration en 1986 (JC Bigorne)
Epilogue
Le 15 septembre 2006, le maire de Remiremont Jean Paul Didier ne manquait pas de rendre hommage aux six dernières sœurs du Pauvre Enfant Jésus qui quittaient l’aumônerie de la rue de la Mouline où elles avaient trouvé asile après leur départ de la rue de la Paltrée. Elles se retiraient dans les maisons de repos de Charmois-l’Orgueilleux et de Saint-Genest pour y terminer une existence bien remplie au service des autres.
Avec le concours de Jean-Aimé Morizot, Philippe Althoffer et Stéphane Heili.
J.C Bigorne
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