La Ville de Remiremont, le Centre culturel de Chine à Paris et le Musée Charles-Friry ont mis en place un événement exceptionnel avec « Longquan mondial, exposition de céladons de style Song. »
De gauche à droite : le consul de Chine à Strasbourg, Pan Yumin, Jean-Benoît Tisserand, Jean Hingray, Aurélien Vacheret et Liu Hongge Directeur du Centre Culturel de Chine à Paris.
À la découverte des céladons : un héritage millénaire exposé
Les céladons, chefs-d’œuvre de la céramique chinoise, sont mis à l’honneur dans cette exposition exceptionnelle de 45 pièces, révélant un savoir-faire ancestral. Voici ce qu’il faut savoir pour mieux comprendre et apprécier ces trésors.
Un art né sous la dynastie des Han de l’Est
Le céladon, connu en chinois sous le nom de qingci (青瓷), ou « porcelaine verte », trouve ses origines dans la province du Zhejiang sous les Han de l’Est. Dès les IIIe et IVe siècles, sa technique s’est répandue dans d’autres régions chinoises comme le Jiangsu, le Hubei et le Jiangxi. Ce style de céramique s’est imposé dans tout le pays à partir du VIIe siècle et a dominé jusqu’au XIIIe siècle.
Récipient de rinçage pour pinceaux de calligraphie avec éléphants. Cette oeuvre évoque l'importance du taôisme et du boudhisme "Chan" en Chine (dimensions : 45x35x15 cm)
Une maîtrise technique unique
La couleur bleu-vert si caractéristique des céladons provient de la glaçure enrichie en oxyde de fer. Selon les conditions de cuisson — en réduction (faible oxygénation) ou en oxydation (forte oxygénation) —la glaçure peut passer du vert jade au brun-jaune. Certaines pièces, en raison d’un refroidissement réoxygéné, affichent des variations subtiles entre ces teintes.
"Sanyang Kaitai" - Pot avec têtes de chèvres. Trois têtes de chèvres en haut relief ornent les épaules de cette pièce avec une glaçure vert-prune et un craquelé délicat . Son nom "Sanyang Kaitai" symbolise le départ de l'hiver et l'arrivée du printemps ou la disparition du Yin et la croissance du yang (dimensions : 19x25 cm)
Une esthétique simple et raffinée
Sous la dynastie Song (960-1279), les céladons atteignent un raffinement sans égal, influencés par le néoconfucianisme. Ce courant philosophique, prônant pureté et sobriété, a conduit à la création de céramiques aux formes simples et équilibrées, avec des glaçures monochromes, parfois agrémentées de gravures discrètes.
Wen Chang Dijun, statue assise. Il est connu dans la culture chinoise comme le dieu des mandarins, du destin et de la littérature. Cette statue est fabriquée à la main en utilsant l'argile cinabre unique de Longquan, recouverte d'une glaçure vert-haricot, admirée comme l'une des plus belles couleurs de glaçure vert/cyan.Le visage et les mains ne sont poas émaillés, révélant une finiation cinabre classique.
Des pièces variées, reflet de leur époque
Les céladons de la dynastie Song, comparables au jade par leur élégance translucide, se déclinent en une palette allant du vert pâle au vert olive. Les créations incluent bols, vases, assiettes et jarres, souvent utilisés pour des rituels ou réservés à l’empereur. Leur équilibre parfait entre fonctionnalité et esthétique témoigne de l’excellence artistique de l’époque.
Plonger dans cet univers fascinant, c’est se laisser séduire par la délicatesse intemporelle des céladons, qui continuent de refléter l’harmonie et le génie de la civilisation chinoise.
Un vernissage rehaussé de la présence de sommités chinoises
En ce début d’après-midi de ce 11 janvier, la ville de Remiremont a organisé le vernissage de cette exposition exceptionnelle en présence du sénateur Jean Hingray, du maire Jean-Benoît Tisserand, d’Anne-Marie Dulucq, adjointe à la culture, d’ Aurélien Vacheret, conservateur des musées de la ville. Mais aussi et c’est assez exceptionnel, la présence de Pan Yumin, consul général de Chine, de Liu Hongge, directeur du Centre culturel de Chine à Paris, accompagné de son épouse et d’autres personnalités spécialisées en culture chinoise, entouré par Yanmin Huang la chargée du projet culturel.
De gauche à droite : le consul de Chine à Strasbourg, Pan Yumin, Jean-Benoît Tisserand, Jean Hingray, Aurélien Vacheret et Liu Hongge Directeur du Centre Culturel de Chine à Paris.
Des prises de paroles marquant la volonté d'un partage culturel
L’ensemble de ces personnalités ont pu s’exprimer quant à ce projet culturel mené de concert entre la ville de Remiremont et les dignitaires chinois.
Le maire Jean-Benoît Tisserand, le sénateur Jean Hingray et Aurélien Vacheret Conservateur des musées romarimontains
Le maire, Jean-Benoît Tisserand, a rappelé ô combien ce type de collaboration avait une résonance importante pour Remiremont et s’inscrivait dans une continuité de projets initiés par Christian Poncelet, puis relayés par le sénateur Jean Hingray. Ce dernier a par ailleurs participé, récemment, à une mission en Chine qui a été très révélatrice des synergies à développer. Le sénateur a rappelé que cette cérémonie d’inauguration, célébrait également, ces soixante années de contact et d’amitié sino-française. Il a aussi expliqué qu’au niveau touristique, l’ambition est d’attirer davantage de visiteurs chinois dans les Vosges. Alors que Paris et l'Alsace attirent déjà un grand nombre de visiteurs, les Vosges, idéalement situées entre ces deux destinations, recèlent des trésors naturels et culturels souvent méconnus. La découverte de lieux emblématiques comme Épinal, Thaon-les-Vosges, ainsi que les stations thermales renommées de Plombières, Vittel et Contrexéville, a mis en lumière le riche potentiel touristique de ce territoire. Depuis quelques mois, le sénateur Jean Hingray, collabore étroitement avec la ville de Remiremont pour développer des initiatives culturelles et économiques en partenariat avec la Chine, tout en consolidant les liens avec la communauté franco-chinoise, qui compte près de 700 000 personnes en France.
Le consul de Chine à Strasbourg, Pan Yumin et Jean-Benoît Tisserand, maire de Remiremont
Liu Hongge, directeur du Centre culturel de Chine à Paris
Le consul de Chine à Strasbourg, ainsi que Liu Hongge, directeur du Centre culturel de Chine à Paris ont aussi expliqué, que le Général de Gaulle et le président de la Chine populaire, Mao Tsé Toung ont fondé les bases de l’amitié entre les deux pays. Il a révélé que l’on trouvait, en Chine, nombre de traces et d’évocations du Général, mais aussi du romarimontain Christian Poncelet, l’ancien président du groupe d’amitié entre les deux nations. Il s’est réjoui de cette dynamique à nouveau valorisée à l’occasion du 60e anniversaire des relations diplomatiques.
Le consul de Chine à Strasbourg, Pan Yumin, Aurélien Vacheret, conservateur des musées et Yanmin Huang, chargée de projets culturels au centre culturel de Chine à Paris
Des pièces uniques présentées aux Vosgiens
La visite et le rite du service du thé se sont déroulés sur un fond musical joué par deux musiciens chinois. Un de ceux-ci a interpellé les visiteurs en jouant d’un instrument unique et très ancien. Le Guzheng (Guqin) est un genre de cithare qui rappelle l’épinette vosgienne. Cet instrument a été créé, il y a 3 500 ans dans du sapin âgé de 400 ans. Les cordes sont en soie et la dextérité du musicien a dégagé des notes agréables et surprenantes, conférant au moment une douceur appropriée. En parallèle, une musicienne en tenue traditionnelle a accompagné son comparse à la Pipa, un instrument à cordes pincées, de la famille du Luth.
Cette inauguration a révélé certaines richesses et un savoir-faire ancestral chinois, à découvrir absolument jusqu’au 02 février 2025.
Infos pratiques :
« Longquan mondial, exposition de céladons de style Song. »
Quand ? Du 11 janvier au 02 février 2025
Du mercredi au dimanche – 10h-18h (Entrée gratuite)
Où ? Musée Charles-Friry 12 rue du Général Humbert à Remiremont
Texte et photos : Alain Reynders