Il y a quelques jours, le Collège "Jean Moulin" de Tomblaine a accueilli, dans une ambiance printanière, les premiers visiteurs, à l’occasion des « Portes ouvertes » de l’établissement.
(Photo Cédric Masselon)
Des portes ouvertes sur le souvenir
Dès celles-ci franchies, le badaud a pu s’immerger dans un fourmillement d’invités, d’élèves, des membres du personnel, de parents, de personnalités, rassemblés en ce lieu de savoir, de devoir, de mémoire, afin de partager un moment fort en émotions, autour d’un évènement qui marquera l’histoire de ce collège : son 50e anniversaire.
Des collégiens au centre de la programmation
Pour l’occasion, les collégiens se sont prêtés au jeu en se proposant à la disposition des invités pour leur faire découvrir leur établissement. Autour d’eux, des affiches reprenant leurs productions artistiques ont attisé la curiosité de chacun d’autant que certaines y ont distillé des messages énigmatiques :
« En traits dans l’histoire... », « Esquisse passe Jean MOULIN ? », « Aventure en peinture », « Dessiner une histoire… ». Mais, qu’est-ce donc ? La question est restée posée avant que les réponses ne soient distillées au cours de la journée par les adolescents affables :
« En réalité, cette immersion dans le collège a été l’aboutissement d’une dynamique menée depuis septembre dernier sous l’impulsion d’un membre du personnel enseignant de l’établissement, à savoir Cyril Castanié, enseignant d’E.P.S, mais aussi, professeur principal de la classe de 3e 5, pilote de ce projet ambitieux et fédérateur. » a précisé une collégienne qui s’est improvisée guide d’un petit groupe.
Les élèves de la chorale et Céline Colin.(Photo Justine Wacrenier)
Un projet initié, dans l'idée, il y a 4 ans
Cet évènement a trouvé son inspiration il y a maintenant 4 ans, avec l’idée originelle et originale d’une réalisation d’une fresque murale, née dans l’esprit de Justine Wacrenier, « ancienne » assistante d’éducation devenue C.P.E. Sa motivation, à l’époque, faisait déjà écho à son souhait d’investissement auprès des élèves afin de les sensibiliser à l’ouverture culturelle artistique. L’autre but étant de développer, chez eux, un sentiment d’appartenance à l’établissement.
Au-travers d’une réflexion orientée sur différents axes de travail, ne manquait à ce projet qu’une personne susceptible de conduire ces différentes étapes de construction et sa coordination. Elle a été trouvée en la personne d’Aline Pierron, CPE au collège depuis la rentrée. Sollicitée par Thierry Barbier le principal, Aline Pierron s’est investie, telle une cheffe d’orchestre, en prenant à bras-le-corps la fonction de coordinatrice, entraînant avec elle les élèves du Conseil de la Vie Collégienne.
Bref rappel historique :
Lors d’une nuit de janvier 1942, Jean MOULIN, héros de la résistance, accompagné de deux autres parachutistes, sautaient en Provence, sur les Alpilles, marquant ainsi l’acte fondateur d’unification des réseaux de Résistance en France…
L'arrivée des parachutistes (Photo Justine Wacrenier)
Les parachutistes après leur saut (Photo Cédric Masselon)
Un fait qui a été rappelé en ce début mai 2022
80 ans plus tard, les yeux rivés vers les nuages, les visiteurs ont aperçu cinq parachutistes qui ont tournoyé au-dessus de leurs têtes, comme pour rappeler au souvenir de cet homme de l’ombre, mais aussi, pour marquer le point de départ d’une après-midi riche en surprises.
Ensuite, les élèves de la classe de 3e 5, réunis, sous le préau du collège ont accueillis tout le monde, afin de faire découvrir, en exclusivité, une émission enregistrée quelques jours auparavant dans les studios de la Radio associative locale FAJET.
Sarah Bigeard et les élèves de 3ème 5. (Photo Cyril Castanié)
Des projections captivantes et émouvantes
En effet, accueillis par Sarah Bigeard, animatrice de l’émission « Caprice de Lecture », les représentants de la classe et leur professeur principal ont été interviewés. Sarah a eu vent de ce projet qui se construisait frénétiquement depuis de nombreux mois et a souhaité mettre à l’honneur cette belle initiative et le travail investi des élèves rendant hommage au personnage de Jean MOULIN. L’assemblée a alors pu entendre en avant-première toute l’histoire, excellemment contée, par les collégiens et leur enseignant.
Dans la continuité, un clip vidéo, réalisé par Clément Wacrenier et Margaux Contal, pros de l’audiovisuel, a été présenté aux convives. Celui-ci a retracé toutes les étapes qui ont permis, pas à pas, de construire cette journée. Cette projection a cueilli émotionnellement les participants ; que ce soit par le support musical rappelant l’hommage au professeur Samuel Patty assassiné parce qu’il a commis « la faute » de vouloir enseigner la liberté d’expression ou encore par les images d’enfants réalisant une fresque sur le mur du collège ou d’autres découvrant la bande dessinée « Vive la République » de Bertrand Munier.
La chorale du collège a touché les cœurs
La bande son a laissé, progressivement, place aux voix encore enfantines des élèves de la chorale du collège et de Camilia, venus chanter ce message de paix et de respect de nos valeurs. Ils ont été accompagnés par leur professeure d’éducation musicale Céline Colin.
Tels les ambassadeurs des valeurs défendues par Jean Moulin, les membres de la chorale ont invité l’assistance à entrer et à partager ce moment de vive émotion avec eux, comme une sollicitation à poursuivre ce parcours mémoriel dans lequel elle a été plongée depuis le début de l’après-midi.
Une visite initiatique du collège
Sous la houlette de Thierry Barbier, les groupes ont pu déambuler dans l’établissement, de salle en salle afin de découvrir les œuvres réalisées par les élèves de 3e 5, classe pilote et des autres élèves avec la collaboration de Nelly Faure, leur professeur d’Arts Plastique. Ce parcours mémoriel au sein d’un lieu porteur a trouvé tout son sens en étant entouré de l’école Pierre Brossolette et du lycée Arthur Varoquaux, deux autres figures de la résistance.
Élèves de 3ème 5, Chaynesse Khirouni, Justine Wacrenier. (Photo Cédric Masselon)
Partout, les invités ont pu découvrir le travail fourni par les élèves : cadres, coupures de presse, anciennes photos, archives rappelant le passage d’anciens élèves illustres ou non. L’occasion de constater que pour offrir un tel bond dans le temps, le travail de recherche réalisé par Cyril Castanié et ses élèves a été titanesque.
La fin de cette longue visite dans les souvenirs est ponctuée par un accueil dans la cour de l’établissement par les collégiens qui ont dirigé les convives en direction de la fresque murale.
Cette dernière qui n’attendait qu’à être dessinée et peinte depuis quatre années a été exposée au grand jour. Dirigée par Olivier Bourgeois, membre de l’association de grapheurs SPRAYLAB, la fresque a été réalisée avec les élèves durant les vacances scolaires d’avril. Entièrement investis dans ce projet, les jeunes, ont démontré qu’ils se sentent totalement appartenir à leur établissement et ont ainsi réalisé un des objectifs de Justine Wacrenier, ravie de cette conclusion.
Des discours importants, insistant sur le souvenir
Les discours qui ont suivi les évocations de souvenirs de deux enseignants à la retraite, ont vu Julien Le Goff, Sous-préfet, puis Chaynesse Khirouni, présidente du Conseil Départemental de Meurthe et Moselle et Philippe Tiquet, directeur académique des services de l’Éducation Nationale, s’exprimer et saluer la détermination des acteurs de ce projet, sans qui rien n’aurait été possible, et la mise en avant des valeurs qu’ils ont défendues comme Jean MOULIN les a défendues au péril de sa vie alors même que la Guerre faisait rage.
Dans ce contexte de conflit européen actuel, tous se sont rejoint sur l’importance de garder ces belles valeurs au cœur de notre société, et ont félicité la volonté de chacun de vouloir les perpétuer à travers ce type d’évènement.
Philippe Tiquet, Chaynesse Khirouni, Julien Le Goff, Thierry Barbier, Mme Bagrel. (Photo Justine Wacrenier)
L'inauguration de la fresque
Certains collégiens accompagnés de Céline COLIN leur professeure d’Éducation Musicale ont déclamé des textes en version « slam » devant une assemblée ébahie et conquise. Dans la foulée le ruban bleu, blanc, rouge a été désormais coupé sous les applaudissements nourris.
L'inauguration de la fresque (Photo Justine Wacrenier)
Thierry Barbier a souhaité conclure en remerciant un homme de l’ombre, pourtant la colonne vertébrale de cette journée à savoir Cyril Castanié sans qui ce magnifique projet et hommage à son établissement dans lequel il enseigne depuis vingt ans, n’aurait jamais vu le jour.
Et pour clore définitivement cette belle journée par les mots écrits par Cyril Castanié :
« Libres de toute forme de tyrannie ou d’oppression, quelles qu’en soient les raisons, les intérêts, les instigateurs, les enjeux, les bénéfices.
Libres de construire des écoles pour y apprendre aux enfants son histoire, son combat, notre histoire, notre résistance, l’Histoire, celle qui nous unit toutes et tous pour ce que nous avons à en tirer pour mieux nous projeter encore ensemble vers un avenir éclairé, devant nous épargner coûte que coûte les affres et désastres de la guerre.
Libres de décider de lui rendre honneur dans la compréhension d’une idéologie humaniste, au nom de tous ces combattants tombés au champ de bataille, dans un discours solennel, sur une plaque de rue, par une sculpture, un monument.
Libres de se souvenir, aux portes de nos histoires respectives, de ce qu’il aura su être et sans qui celles-ci n’auraient sûrement pas été celles que nous connaissons.
Libres de vouloir aujourd’hui continuer d’éduquer notre jeunesse et de la conduire aux portes de sa réussite personnelle, aux portes de l’antre du savoir scolaire et du bien vivre ensemble, aux portes de l’Ecole de notre pays qui défend l’égalité des chances, permet l’inclusion des plus fragiles et au-travers du principe de LAÏCITÉ fait vivre les valeurs de notre République.
Ici à Tomblaine, à l’occasion de son cinquantenaire, aux portes de notre petit collège d’une terre meurtrie par les atrocités passées de la guerre, libres d’honorer ta mémoire, toi, figure de FRATERNITÉ, comme pour mieux garder en nous la force que tu as su nous transmettre en ton temps.
Aujourd’hui, libres de te dire : Jean Moulin, ensemble dessinons nos valeurs. »
Alain Reynders
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