L’assemblée générale des maires des Vosges, tenue ce vendredi 25 octobre au centre des congrès d’Épinal, a été marquée par une atmosphère d’indignation profonde. Patrick Nardin, maire d’Épinal, et David Lisnard, président de l’Association des maires de France (AMF), ont uni leurs voix pour dénoncer l'impact du projet de loi de finances sur les collectivités locales, accusant l'État de transférer ses difficultés financières aux communes, menaçant ainsi leur viabilité.
Patrick Nardin, maire d’Épinal en colère
Des élus révoltés face à la pression budgétaire
En ouvrant cette réunion annuelle, Patrick Nardin a exprimé sans détour sa colère face aux récentes déclarations des anciens ministres des Finances, Bruno Le Maire et Thomas Cazenave, pointant les collectivités comme responsables du déficit public. « Si l'État est au bord de la cessation de paiement, qu'il veille à ne pas entraîner les collectivités dans sa chute ! » a-t-il martelé. Les maires présents, eux aussi révoltés, dénoncent un discours qui déforme la réalité : les collectivités ne représentent que 19 % des dépenses publiques et 8 % de la dette nationale, loin des mille milliards d’euros d’endettement cumulés depuis le premier mandat présidentiel.
Pour les élus locaux, cette crise n’est pas le fait des communes, mais découle de décisions prises à l’échelle nationale. Les maires sont exaspérés de devoir supporter des charges supplémentaires sans contrepartie, comme l'explique Nardin : « Si nos dépenses augmentent, c'est parce que l'État se désengage. » Au quotidien, les collectivités se retrouvent à soutenir une population fragilisée par les crises successives, sans les moyens adéquats.
Vers une décentralisation renforcée ?
David Lisnard, président de l’AMF et maire de Cannes, a apporté son soutien aux maires vosgiens en dénonçant une bureaucratie asphyxiante et une centralisation excessive. « Il faut remplacer la bureaucratie par la démocratie », a-t-il déclaré, sous les applaudissements des élus. Selon lui, la solution passe par une revitalisation des communes, avec davantage de moyens d’action pour répondre aux besoins locaux. « Nous ne sommes pas le problème, nous sommes la solution », a-t-il insisté.
David Lisnard
David Lisnard a également mis en garde contre les effets récessifs de la loi de finances actuelle : imposer un prélèvement de 2 % aux communes, souvent modestes et déjà fragiles, revient à freiner l'économie et les initiatives écologiques locales.
Des élus prêts à rendre les armes
Face aux coupes budgétaires annoncées, Patrick Nardin a mis en garde : « Sans révision de ce projet de loi, de nombreux élus ne pourront plus remplir leur mission et seront dans l’obligation de rendre les armes. » François Vannson, président du conseil départemental, a quant à lui adopté un ton plus résigné, tout en soulignant que le département des Vosges devra également revoir ses politiques pour assumer un déficit grandissant.
Pour les maires des Vosges, l’heure est à la mobilisation. Devant les propositions de renforcer l’implication citoyenne et de rapprocher les décisions du terrain, les élus espèrent faire entendre la voix de la responsabilité face à un État accusé de transférer sa dette et de desservir les territoires.
Cette assemblée générale aura été un puissant appel à repenser les relations entre l’État et ses collectivités.
Rédaction : Alain Reynders
Photos : AMV88
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