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Vosges – Justine Renard : l’enquête privilégierait la thèse du suicide.

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« La thèse du suicide est privilégiée. Aucun lien n’est fait entre cet élément (NDLR : la dénonciation de faits de détournements de fonds publics et autre au sein de l’IUT de Perpignan) et l’enquête liée à son décès », a indiqué Frédéric Nahon le procureur de la République d’Épinal, à la presse.


Un suicide sans incitation, selon le procureur.

Ce dernier a insisté sur ce point : « Il n’est pas non plus question d’incitation au suicide. Une enquête pour recherche des causes de la mort est en cours ». Une remarque qui a visé sans nul doute, les suspicions soulevées par une lettre « anonyme » (Signée par la mention : « Des collègues de l’Université » ) et qui précisait que Justine Renard, avait dénoncé des irrégularités, voire des illégalités dans la répartition des heures de cours payées et non-prestées au sein de l’IUT de Perpignan, en mettant en avant la présence d’un système et d’une organisation bien rodés.

Ces faits ne sont pas contestés puisque, suite à sa dénonciation en interne, des membres du personnel de l’IUT ont été retirés de cette gestion et pour Justine cela s’est soldé par un : « Maintenant, circulez, il n’y a rien à voir » . Donc, oui, Justine a été laminée par l’absence de soutien et a vécu très mal le fait qu’on essaye de la faire passer pour une mythomane. C’est en substance ce qu’ont expliqué plusieurs amis de Justine, lors de nos récents entretiens téléphoniques.

Justine lors d'une de ses interventions en mars 2024 à Villeneuve-de-la-Raho

Pas d’incitation au suicide ?

En restant factuel, il est exact de dire qu’il n’y a, peut-être, pas eu d’incitation directe au suicide, mais ce harcèlement moral direct, puis larvé, n’est-il pas justement dénoncé comme ayant conduit, à de nombreuses reprises, à des actes suicidaires dans le cadre professionnel. L’expérience montre que ce type de problématique, aux conséquences potentiellement dramatiques, repose souvent sur des facteurs organisationnels, culturels et managériaux, même lorsque l’on considère un cas individuel. C’est ce que l’on qualifie de harcèlement moral institutionnel en entreprise. Ainsi, ce phénomène se développe davantage en raison des dysfonctionnements structurels et des modes de gestion qu’en raison de la seule malveillance humaine, bien que celle-ci puisse également jouer un rôle.

Le travail occupe une place essentielle dans nos vies, constituant un espace majeur de socialisation. À une époque où les cercles familiaux se réduisent, où les lieux de culte se vident, où les traditions locales disparaissent et où l’engagement associatif tend à se limiter aux activités liées aux enfants, l’environnement professionnel devient un pilier du lien social. En France, plus encore que dans d’autres pays européens, les interactions sociales au travail sont particulièrement investies. Par conséquent, lorsqu’une personne est confrontée à un climat hostile et à un harcèlement quotidien sur son lieu de travail, son bien-être peut être profondément altéré.

Une jeune femme brisée par la pression

Tous ses amis de la région des Pyrénées-orientales, que nous avons eus en contact depuis le 17 février 2025, se sont accordés sur le fait que Justine était une personne intègre, ne supportant pas l’injustice. C’était une militante pour la préservation de la terre, présente sur tous les combats écologiques de sa région d’adoption. Une passionnée qui avait fait de son métier, une vocation. Elle est partie, instinctivement, au combat contre les irrégularités constatées à l’IUT de Perpignan, avec la certitude, un peu naïve, que sa hiérarchie serait à ses côtés. Ballottée, mise en doute, qualifiée de « mytho » ou « fofolle », Justine a mal vécu cette situation. Comme le collectif l’a déclaré dans un de ces emails : «: "Justine a tenu bon pour corriger un système sclérosé, car ces pratiques n'ont plus cours. Mais c'est le contre-coup qui s'est révélé le plus dur pour elle. L'absence de réponse de l'institution s'est surajoutée aux mois de dénigrement, et sa "victoire" a vraiment eu un goût amer."

Une de ses amies qui l’a rencontrée fin décembre 2024 nous a raconté que Justine était anéantie par ce manque de soutien d’une profession à laquelle elle avait tout voué et par ce qu’elle avait découvert et dénoncé. Justine a déclaré : « c’est une vraie toile d’araignée ». Elle a aussi été touchée par les déclarations des responsables de l’IUT qui lui aurait déclaré que l’écologie ne servait, finalement, à rien. Un mépris difficile à accepter pour une passionnée de son métier. « Pourtant, Justine, c’était une tronche (quelqu’un de fort et spécialisé en plusieurs matières) ; les pressions ont dû être fortes pour arriver à la fragiliser » a conclu notre interlocutrice.

À un autre, Justine Renard a expliqué : « on a cherché à me déstabiliser pour protéger ce système pourri. »

Que restera-t-il de son combat ?

Ses amis du sud, comptent bien poursuivre la voie tracée par Justine. « Il nous faudra un peu de temps, parce que pour nous tous, la sidération a pris la place sur toute autre émotion. On a perdu une amie, un modèle. On ne comprend pas. On la savait blessée, usée par cette affaire, mais pas à ce point. Un suicide ? Cela ne lui ressemble tellement pas. » a précisé une de ses amies

Une enquête est toujours en cours pour déterminer, avec exactitude, les causes du décès.

Nous clôturerons cet article avec une pensée pour elle un grand respect pour son courage.

Les liens sur nos précédents articles :


Rédaction : Alain Reynders

Photo : Linkedin

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