Comme on l’a déjà évoqué à travers plusieurs articles, les Zélé.e.s (c’est le nom de l’association.) ont franchi, un jour avant les pros, toutes les étapes du Tour de France Féminin et en ont déjoué tous les pourcentages.
La boucle est bouclée, c'est le moment de savourer....
Les étapes, mais pas que :
Non seulement, ce groupe hétéroclite de 14 cyclistes a parcouru les étapes et toutes leurs difficultés, mais s'est également infligé de parcourir les transferts sur leur monture. Forcément, leur parcours a donc été sensiblement plus long que celui des professionnelles.
Aurore Macon, Manon Moreau et Nicolas Boubay dans le Ballon d'Alsace
Un groupe fort varié en cyclistes venus de différents horizons
Le groupe en direction de la Planche des Belles Filles
Dans la formation des Zélé.e.s, on a dénombré des jeunes femmes venues de différents coins de la France à savoir des Vosges, de la Franche-Comté, de Rhône-Alpes… Certaines sont venues de Belgique, comme Manon Moreau ou encore Martine Endron (de Thimister) en accompagnatrice de luxe. Le petit peloton a aussi compté deux hommes, dès le départ, avec Emmanuel Boyé et le jeune Tom Dorts. En cours de route Nicolas Boubay a rejoint l’équipe, pour ne plus la quitter.
Emmanuel Boyé dans le Ballon d'Alsace
Samedi 30 juillet : la dernière étape
Précédant les femmes élites, le groupe a découvert l'itinéraire ardu de la dernière étape, que nous avons décidé de suivre…à moto.
C’est au Thillot que nous avons emboîté les roues des Zélé.e.s, qui ont traversé le village à l’heure prévue pour se diriger, en ordre, vers la seconde vraie difficulté de la journée à savoir la longue ascension du Ballon d’Alsace. Le principe est que chacun monte à son rythme. À ce moment de l’étape, les Zélé.e.s sont renforcées par deux autres pépites cyclistes : Aline Clément et Isabelle Barthe Franquin qui, elles, terminent également, par ce tronçon, leur périple Explore2tours qui a consisté , en 24 jours, à réaliser les tours de France pro masculin & Féminin.
Aline Clément et Isabelle Barthe Franquin dans le Ballon d'Alsace
Un Ballon d'Alsace en apéritif
Dès les premiers lacets, des petits groupes se sont formés. Il a fait beau, le ciel a présenté ses plus beaux atours et les paysages uniques se sont dévoilés aux cyclistes à mesure que la route s’est élevée.
Le Ballon d'Alsace et ses paysages uniques
Alexia Cordoliani et Vanessa Petitcolin ont encouragé leurs amis
Ravitaillement en eau par Alexia
Un peu plus haut, ce sont Mickael Gagne (photographe et assistant logistique précieux) et Alexia Cordoliani qui se sont postés en bord de route pour ravitailler les grimpeurs en eau. Au bout de cette longue ascension, le groupe s’est reconstitué au sommet. Tous se sont attendu avant de plonger dans cette belle descente, rapide et pas trop technique pour rejoindre les alentours de Giromagny pour la pause-déjeuner.
L'équipe se regroupe au sommet du col avant la photo souvenir.
Une pause-déjeuner, un peu forcée…
Les Zélé.e.s ont espéré grimper l’ultime obstacle un peu plus tôt, mais sur ordre de la préfecture, ce dernier juge de paix ne pourra être escaladé qu'à partir de 14 heures.
Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, le groupe s’est adapté à la contrainte et a profité de cet arrêt obligatoire pour se ravitailler correctement. L’occasion aussi de discuter avec certains d’entre eux.
Un arrêt un peu plus long pour se restaurer, une dernière fois ensemble
« C’est presque passé trop vite, même si l’étape et sa partie transfert, qui nous a conduit à Reims (10 h 30 de selle) a été longue et éreintante. Nous avons eu de la chance parce que nous n’avons pas rencontré la pluie durant ces 9 jours. Et puis il y a eu plein de rencontres avec de nombreux cyclos, un magnifique accueil à Saint-Dié, des rencontres régulières, même à l’hôtel, avec l’équipe du fléchage du Tour… Que de bons moments » nous a confié le dounousien, Emmanuel Boyé
« Hélas, la fin de l’épopée approche à grands tours de roue… Je ne regrette absolument rien et ce seront beaucoup d’émotions pour moi lorsque j’arriverai au sommet de la Super Planche des Belles Filles. Les derniers mètres boucleront cette merveilleuse aventure humaine » a conclu Ingrid Litzler la vosgienne de Fraize.
Durant cette pause, la dernière avant la séparation, les cyclistes se sont amusés à se chambrer. L’ambiance a été au beau fixe et on a pu mesurer la complicité qu’il y a eue entre eux durant cette aventure. Trêve de plaisanterie, Marin Pogeux a donné le signal de départ et le groupe s’est mu vers la dernière difficulté du jour :la "super Planche des Belles Filles".
La Super Planche des Belles Filles : un monument!
Près de 10 kilomètres séparent le groupe du pied de cet épouvantail qui a fait trembler nombre de professionnels masculins et féminins.
La traversée des villages posés au pied de la montagne a permis de découvrir que ces derniers se sont parés de touches rappelant le tour de France : devantures présentant des répliques de maillots distinctifs, des vélos accrochés aux grilles de jardin, des cycles stylisés aux couleurs de la France, des calicots de toutes sortes… Un festival décoratif réservé aux coureurs.
Nos cyclistes ne parlent plus, la concentration est de mise.
Partis en "éclaireurs", la camionnette de Mickael et la moto Actuvosges sont allés négocier l’autorisation de monter la difficulté avec les véhicules afin d’entourer les Zélé.e.s . Après quelques palabres et les mots justes, le gendarme de faction a donné son blanc-seing. Juste à temps ; le groupe a entamé les premiers mètres de la Planche.
Les Zélé.e;s à l'assaut de la Planche des Belles Filles - Martine Endron
Tom Dorts suivi du groupe
C’est un véritable supplice qu’ont infligé les organisateurs aux cyclistes. Pendant des kilomètres, la route s’est glissée dans tous les contreforts lui permettant un accès vers le sommet. Les virages se sont succédé avant de plonger dans des parties boisées salvatrices en ombrage. Déjà, des véhicules sont disposés sur les flancs de la butte, attendant, avec un jour d’avance le passage des pros et se délectant du spectacle du jour, offert par les Zélé.e.s. Les mêmes ont retrouvé Aline et Isabelle pour cette fin en apothéose. La rampe (presque) finale s’est imposée à chacun. Il a fallu s’arracher, gagner centimètre après centimètre.
« Cela pique aux mollets a lancé Martine entre deux respirations ». Le pire est pourtant à venir.
Alexia Cordoliani
Papa Clément, Aurore Macon, Aline Clément et Nicolas Boubay au plus fort de la Planche et avant d'entamer la SUPER Planche
Isabelle Barthe Franquin au même endroit
La grimpée vers la "super Planche" en témoin.
Un responsable de la sécurité qui a compris l’importance de la montée pour le groupe m’a autorisé à poursuivre à moto le dernier tronçon. Témoin privilégié, j’ai suivi, d'abord, les plus légers qui ont quitté le bitume pour se lancer sur cette partie de route blanche, gravillonneuse digne de la course italienne « Strade Bianche ».
La route blanche vers la SUPER Planche
On a l’impression de se trouver dans un « territoire allongé avec des planches ». La route s’est encore élevée. Les cyclistes arc-boutés sur leur machine ont poussé, tiré, encore et encore sur leurs manivelles ; les roues patinent par endroits et la dernière rampe, enfin bitumée, s'est dressée comme un mur de 22 % (presque) infranchissable.
(Ndlr : le lendemain, lors de la course pro, une moto de France-télévision y calera, reculera avant de choir sur l’asphalte. C'est dire la difficulté de la rampe)
Les Zélé.e.s dans la dernière rampe de la SUPER planche (22 %) - Tom Dorts
Nicolas Boubay et Aurore Macon s'arrachent des 22 %
Aude Morin
Manon Moreau venue de Belgique
Ingrid Litzler encouragée par ses amies zélées....
Emmanuel Boyé dans les derniers mètres du défi de 9 jours
Aurore Macon .... heureuse
Les Zélé.e.s au sommet de la SUPER planche
Les Zélées ont réussi à s’extirper de ce piège et l’émotion les a gagné(e)s dès le sommet atteint. Le franchissement de cette ligne a donné le clap de fin sur cette magnifique aventure sportive et humaine. Ils ont parcouru, ensemble, 1.530 km pour un dénivelé positif de 17.600. et pas moins de 64 heures de selle, le franchissement de 5 cols de 1ère catégorie, 4 secteurs "gravel" dans les vignes.
Pour Aline et Isabelle, également, c’est le HappyEnd de l’Explore2tours et la réalisation en 24 jours, des tours de France masculin & féminin, ce qui représente 5.000 km sans assistance et 63.000 de dénivelé positif.
Aline Clément et Isabelle Barthe-Franquin
Et après ?
Ces deux magnifiques exploits sportifs sont aussi de belles et réelles expériences humaines qu'aucun n'oubliera.
Les Zélé.e.s ont aussi donné un énorme coup de projecteur sur leur association et ses buts. Espérons, que bientôt, ASO (organisateur des Tours de France pros) les reconnaîtront en tant qu'association qui compte et qui met en avant, notamment, le sport au féminin !
Reportage et photos : Alain Reynders
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