Lors de notre article du 06 mars, (voir lien en fin de reportage) nous avions évoqué et retracé le parcours plus que particulier que l’aventurier Stéphane Brogniart avait décidé de s’imposer. A savoir : relier le Hohneck au Mont-Blanc en suivant une ligne droite sans en dévier et ce peu importe l’obstacle rencontré. Cette discipline a été nommée « Azimut Brutal »
Emmanuel Roussat et Stéphane Brogniart au Grattoir à Gérardmer (Photo Alain Reynders)
Une conférence avant le départ
Bien entendu ce genre d’itinéraire ne se réalise pas sans préparation, qu’elle soit physique ou logistique. Depuis plusieurs semaines, Stéphane s’entraîne sans relâche au travers des forêts vosgiennes.
(Photo Alain Reynders)
Un point presse a été tenu ce jeudi 21 avril, au Grattoir, lieu bien connu des gérômois. En présence de Karine Bedez adjointe aux sports, d'Emmanuel Roussat, ami et directeur de publication du magazine le Hohneck, d’amis et de journalistes, l’aventurier a expliqué la complexité de ses entraînements et les adaptations qui ont été nécessaires pour obtenir une préparation optimale. Le grand départ c’est dans quelques jours….
Des entraînements en guise de mise en situation
On connaît le personnage. Stéphane est volubile, il aime raconter, partager, blaguer. A travers ses explications, on a compris que cet "azimut brutal" ce ne sera pas de la rigolade. Lors de ses entraînements, le sportif a pu se rendre compte que parfois certains reliefs vont lui poser des soucis. Pour simuler le poids qu’il aura dans son sac, il s’est astreint à se déplacer, dans ses tests, lesté d’une roue de 20 kilos ce qui a parfois interpellé les promeneurs rencontrés.
« Certains ont dû prendre les Vosgiens pour des fous. Croiser un gars barbu qui trimbale une roue de 20 kilos dans des pentes abruptes, ce n’est pas banal » a-t-il dit en riant
(Photo Stéphane Brogniart)
« Lors de mes journées d’essai, j’ai pu me rendre compte que je devais prévoir du matériel supplémentaire sans alourdir plus ma charge. Ces petites erreurs ont pu être décelées avant l’aventure et c’est heureux. J’ai pu aussi voir qu’en suivant cette ligne droite, je ne m’éloignais pas de plus de 400 m de cette ligne virtuelle. Par contre on peut évaluer que la distance de départ à savoir +- 248 km pourra être augmentée de 30 à 35 %. Je m’attends donc à parcourir plus ou moins 335 km… »
Une liberté finalement contraignante
Il a aussi expliqué que choisir de partir ainsi, c’était, au départ, s’offrir une certaine liberté. Sauf qu’en réalité, le sportif s’est vite retrouvé prisonnier de son concept et que psychologiquement ce n’est pas aussi simple de garder le cap de cette ligne droite et franchir des obstacles très compliqués, alors que, naturellement, le cerveau tendrait à le contourner… Il lui faudra donc une force mentale très forte pour continuer le défi coûte que coûte…
(Photo Stéphane Brogniart)
« Il y a aura toutefois des limites, liées à la sécurité. Lorsque j’arriverai à Chamonix et en fonction de la voie que je devrai franchir, j’ai l’obligation de suivre un guide, à savoir le bressois Guillaume Pierrel. Ce dernier va me guider pour la montée finale.
Il en ira de même dans la traversée du massif du Chablais où il va rencontrer « Le grand Ruan » un passage extrêmement difficile où, cet hiver, 4 alpinistes ont trouvé la mort. Il sera donc certainement accompagné pour ce morceau d’itinéraire.
Il est entendu que s’il rencontre un aéroport ou un domaine militaire, il aura l’obligation de le contourner. Hormis ces points, tout ce qui se trouvera sur son passage devra être franchi.
Des conditions extrêmes pour un défi qui ne l'est pas moins
En ce qui concerne la nourriture, il va rester sur son principe de 2500 calories de nourriture lyophilisée et boira l’eau de ruisseau. Pour dormir, il s’emballera dans un sac polaire fin puis dans un « sur-sac » et se couchera dans un hamac afin d’être surélevé par rapport au sol.
Au niveau matériel, il va aussi compter sur un matelas gonflable (150 gr) d’une corde de 30 m fine qui lui permettra de descendre certains verticaux en rappel avec un baudrier léger et un descendeur. Il devra aussi utiliser un « canot mini rafting » appelé « Packraft » (Le packraft est une embarcation gonflable ultra-légère à mi-chemin entre kayak et raft) pour traverser les 9 kilomètres du lac de Neuchâtel. Un essai concluant a été réalisé au lac de Longemer mais il sait, déjà, que la traversée de celui de Neuchâtel sera plus « Rock’n Roll ».
Le Packraft (Photo Décathlon)
A partir du Lac Léman, il devra utiliser des chaussures à crampons en fonction du relief à gravir. Il disposera, également, d'une petite pelle à neige et d'un piolet.
Une fois au sommet du Mont Blanc ?
Le Mont-Blanc à partir du Hohneck (Photo HOHNECK Magazine - Freds Photo) octobre 2017
Et bien, il faudra redescendre d’une façon ou d’une autre. A ce jour rien n’est encore défini. Parapente ou autre moyen ? C’est, actuellement soumis à réflexion.
Le suivre à la trace
Grâce à la puce qui a été placée dans son matériel par la firme spinalienne Owaka-Aventure il sera possible de suivre l’évolution du sportif quotidiennement. Départ le 02 mai et arrivée espérée vers le 12 ou 13 mai à Chamonix.
Transmettre et partager grâce à un court-métrage
Stéphane a rappelé son souhait de transmettre, partager et a décidé avec sa compagne Joy Imbert de réaliser un court-métrage à partir d’images embarquées par la Go Pro, d’autres filmées par Joy à différents points du parcours, et même par drone.
« Depuis plusieurs semaines et mois, j’ai suivi des formations pour maîtriser des logiciels pros, monter et raccorder les images, réussir la partie film et aussi piloter le drone. Pour ce dernier j’ai suivi les formations ad hoc et obtenu les brevets me permettant son utilisation.
Lors de mes essais, j’ai dû aussi adapter mon matériel. Par exemple, j’ai dû remplacer un trépied qui s’est cassé, j’ai appris aussi que traverser la brume avec le drone était parfois risqué. Des expériences qui m’ont permis de pouvoir m’adapter à certaines situations, car lorsque Stéphane apparaîtra, il faudra ne pas rater la séquence qui ne pourra pas être recommencée. Lorsque le court-métrage sera monté, il devrait avoir une longueur de 20 minutes ». a expliqué Joy, visiblement enthousiaste de commencer cette réalisation.
Joy et Stéphane (Photo Yannick Antoine)
Par la suite, ce court-métrage sera proposé aux festivals d’aventure.
Pour conclure, Emmanuel Roussat a essayé : "C’est quelque chose d’unique, qui n’a jamais été tenté. Pourquoi, on ne le sait…"
"Ben, tout simplement parce qu’on n’a pas encore trouvé aussi con que moi" a, finalement ; conclu Stéphane hilare.
Alain Reynders
Commentaires